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L’HÔPITAL PRIVÉ JEAN MERMOZ, CENTRE DE COMPÉTENCES DES MALADIES RARES DU PANCRÉAS

le 05/10/2017

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QUELLE EST LA SPÉCIFICITÉ DU CANCER DU PANCRÉAS ET POURQUOI EST-IL AUTANT MEURTRIER ?
Les gens ne connaissent souvent que le cancer du pancréas qui tue beaucoup et que l’on guérit très peu malheureusement. La proportion de guérison n’est que de 5% seulement. Le gros problème de ce type de cancer est son évolution très rapide. Le pancréas se caractérise par l’absence de capsule, il n’a pas de coque qui le protège et le sépare des autres organes. Quand un cancer se développe, il va très vite s’infiltrer autour des vaisseaux et des nerfs locaux. Le pancréas est en contact direct avec tout le réseau mésentérico-porte, les vaisseaux qui ramènent le sang de l’intestin grêle et du colon et qui vont passer à travers le foie. Ces vaisseaux ne peuvent être enlevés car il est impossible de vivre sans, ce qui explique que la grande majorité des tumeurs soit inopérable. 20% des tumeurs pancréatiques seulement font l’objet d’une intervention chirurgicale. Nous travaillons donc à développer la chimiothérapie pour rendre les tumeurs opérables en les réduisant et les traitements associés à la chimiothérapie pour les tumeurs qui restent non opérables.

L’HÔPITAL MERMOZ EST L’UNE DES RARES STRUCTURES PRIVÉES À ÊTRE INCLUS DANS DE VASTES PROGRAMMES DE RECHERCHES. POUVEZ-VOUS EN DÉTAILLER QUELQUES-UNS ?
À Mermoz, nous avons développé des techniques spécifiques d’examens telles que l’écho-endoscopie, la manière la plus fine de voir le pancréas, qui se double de la possibilité de sortir une aiguille et de prélever la tumeur en la caractérisant pour un traitement qui sera de plus en plus « à la carte ». Actuellement, la majorité des tumeurs pancréatiques est affirmée grâce à cette technique et Mermoz est aujourd’hui le centre, en France, le plus actif en nombre d’actes. L’échoendoscopie permet également de participer au traitement en injectant des produits dans la tumeur ou en la détruisant localement. Notre expertise, couplée au nombre de patients pris en charge, fait que l’hôpital a progressivement eu une véritable reconnaissance de ses pairs au niveau universitaire. C’est cette expérience qui nous permet d’être inclus dans les grandes études multicentriques. Nous alimentons ainsi une banque de données nationale sur l’étude du cancer pancréatique. Mermoz fait également partie d’une étude, initiée à Toulouse, qui teste une association de chimiothérapie et d’injection d’un gel qui va rendre la tumeur plus sensible au traitement. C’est une piste de recherche qui pourrait permettre d’augmenter la survie des patients atteints d’un cancer. Sur les tumeurs endocrines et les TIPMP, l’hôpital Mermoz fait partie de la première étude française et internationale qui consiste à venir détruire localement la tumeur dans le pancréas à l’aide d’une aiguille de radiofréquence. Le courant émis va griller un cylindre de tissu autour de l’aiguille. Jusqu’à présent, les aiguilles n’étaient pas assez miniaturisées pour que cette technique soit utilisable pour le pancréas ; c’est le cas désormais. Nous venons d’achever la première étude d’évaluation. Il y a eu 30 patients inclus avec des résultats encourageants.

N’EST-IL PAS PARADOXAL QU’UNE STRUCTURE PRIVÉE PARTICIPE À AUTANT DE PROGRAMMES DE RECHERCHE ?
L’hôpital Mermoz est atypique sur ce point. Cela s’explique grâce à notre intégration au sein du groupe Ramsay Générale de Santé dont nous sommes le centre expert dans le secteur digestif. La participation à des programmes de recherche donne lieu à des publications ou à des participations à des publications. La structure admet de perdre de l’argent pour assurer cette mission de recherche en échange d’une reconnaissance globale qui permet de bénéficier de financements publics qui sont attribués aux établissements publics et privés au prorata des publications. C’est un cercle vertueux. Plus spécifiquement, le financement des études en cours est très variable. Dans le cas de l’étude réalisée conjointement avec Toulouse, une partie du financement est assurée par la société américaine qui produit le gel. Pour l’utilisation de la radiofréquence, la première étude a été en partie financée par le laboratoire qui vend la sonde. Cependant, nous sommes, à Mermoz, dans une dynamique très inhabituelle pour le privé. Toutes les recherches coûtent à l’établissement. Par exemple, si je veux faire actuellement un acte de radiofréquence pancréatique, la sonde coûte, à elle seule, 2000 euros. L’acte médical n’étant pas encore intégré dans les actes remboursables, je ne vais pouvoir facturer qu’une ponction qui va rapporter à l’établissement 445 euros. Nous sommes donc obligés de trouver des économies d’échelles sur d’autres budgets. Mais comme les médecins et l’établissement ont la volonté de faire avancer les choses, nous trouvons toujours des solutions.